Awa Eva Seck Gueye : Pour des meubles ronds pour tous !
SÉNÉGAL
Awa Eva est une femme au talent exceptionnel. Vraiment, lorsqu’on voit ses produits, de part la technicité qui les caractérise, on a du mal à réaliser que c’est une dame qui se cache derrière. Awa a opté pour le recyclage et la mise en valeur des pneus usagés de voitures. Un projet ingénieux qui contribue efficacement à améliorer la qualité de l’environnement de Dakar la capitale sénégalaise. Regard d’Artiaf, sur une entrepreneuse atypique.
Awa Eva Seck épouse Gueye, est de nationalité sénégalaise. Elle a eu, il y a quelques temps, la bonne idée de se lancer dans la bataille écologique pour le compte de son pays. Fait étonnant pour une femme, Awa produit des meubles à base de pneus usagers. Intrants qu’elle recycle et trie à partir des déchets et résidus des vulcanisateurs. Par cette action, elle participe efficacement à l’assainissement de l’environnement du périmètre urbain de Dakar. Face à notre étonnement, elle affirme que « le monde a changé maintenant. Les femmes sont capables de tout faire. Et, elle en est la preuve palpable».
En fait, comment en arrive-t-on là ?
Awa a suivi des études supérieures en marketing qui ont été sanctionnées par l’obtention d’un Brevet de Technicien Supérieur (BTS) (année). Seulement, pour des contraintes familiales et par manque de temps, elle n’aura pas l’occasion d’exercer son métier dans une entreprise. Pour s’occuper, ainsi que pour subvenir en appui à son époux aux besoins de sa famille, Awa se lance dans le commerce de détail en vendant des produits de beauté, de coiffure et de cuisine. Elle va même jusqu’à ouvrir une boutique. Malgré des revenus modestes qu’elle engrange de cette activité Awa ne trouve pas la paix intérieure. Elle décroche mais ne baisse pas les bras. Elle cherche une nouvelle voie.
Guidée par une main invisible, Awa est ramenée vers son premier amour : l’art. Née dans une famille d’artisans, d’un père antiquaire et bijoutier et d’une mère décoratrice et couturière, Awa est attirée dès sa tendre enfance par la sculpture dont elle se passionne. Elle a un attrait pour les formes rondes notamment les meubles, les poteries, les sculptures et d’autres objets décoratifs. Lorsqu’elle découvre le pouf (siège accessoire), elle s’émerveille à la vue de cet objet. C’est alors que lui vient l’idée d’en fabriquer elle-même. Voulant entreprendre avec peu de moyens financiers, elle a l’ingénieuse idée d’habiller un pneu. Aidée de ses connaissances artistiques et de son goût pour l’agencement, elle met au point un premier meuble qui suscite l’admiration de tous. En effet, le résultat est spectaculaire.
La demande explose !
La demande explose. Awa est très vite débordée. Les clients l’appellent de partout à Dakar. Parfois, ils imposent des commandes personnalisées en termes de couleurs et de modèles pris ca et là sur le net. Ce qui lui donne encore plus d’idées innovatrices. Vue ces réactions en chaine du public, Awa décide de se consacrer entièrement à sa nouvelle activité et d’organiser sa production. En s’approvisionnant en pneus usagers, elle réalise également le caractère écologique de son activité. Elle en fait son affaire car elle tient à lutter contre l’insalubrité dans son pays.
Jours après jours, elle passe son temps dans la rue où elle cherche et ramasse des pneus. Aidée par deux employés elle les lave pour enlever toutes les impuretés. Puis viennent les étapes du perçage, du polissage, du vernissage et du séchage des pneus. Pour le bonheur des clients, Awa a un catalogue composé d’une centaine de produits tels que les poufs, les bancs, les tablettes et même des vases à fleurs. Très satisfaite, la clientèle affirme que : « ses produits sont très beaux, durables et moins chers. Avec très peu d’argent on arrive à bien décorer sa maison ». Awa a gagné son pari.
De nombreux projets à mettre en œuvre.
Néanmoins, l’entrepreneuse de Dakar ne tient pas à s’arrêter là. Elle a beaucoup de projets à mettre en œuvre. Elle rêve notamment d’ouvrir un restaurant sénégalais pas comme les autres. Entièrement meublé par sa marque, elle y prévoit d’aménager une grande vitrine consacrée à l’exposition de ses produits. Elle compte y mettre à contribution ses compétences en marketing pour vulgariser ses meubles et faire connaître l’art sénégalais à travers le monde. Rappelons que Madame Gueye est un véritable cordon bleu.
Awa a aussi un grand cœur. Elle pense aux nombreux orphelins de Dakar. Elle espère, avec la grâce de Dieu et ses prochains revenus, multiplier les actions à l’endroit de ses enfants de la rue. Elle estime que les dons actuels ne sont pas suffisants. « Ici au Sénégal, il y en a tellement d’enfants qui traînent que je reste souvent sensible à ce phénomène. C’est pourquoi dans mon organisation personnelle j'essaie toujours d’en tenir compte ».
Malgré tout, Awa est réaliste. Elle sait que pour booster son business il lui faut des partenaires solides ou une aide financière conséquente. Aux jeunes, elle leur conseille « d’entreprendre et de persévérer car tout début est difficile mais avec beaucoup de patience on finit par y arriver. Toujours croire en soi et en ce que l’on fait ».
Enfin, tout en remerciant sa clientèle sans qui son art ne saurait exister, Madame Awa à saluer l’action d’Artiaf pour les jeunes entrepreneurs et artisans du continent. En effet, elle pense « qu’il est important et que c’est une très bonne idée de vouloir aider les artistes et les artisans car nous sommes souvent laissés en rade ».
Armel Séverin MBEMBO
Article publié la première fois sur Artiaf le 19 mars 2018
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