Ada Zoo Madeleine Maryse : Rysemar-Voyages une start-up gabonaise en mode tourisme local.

GABON

Ada Zoo Madeleine Maryse a tout plaqué professionnellement pour lancer en avril 2018 son propre business, Rysemar-Voyages : une agence de voyage destinée à promouvoir le tourisme local et international. A 31 ans, la jeune entrepreneuse, native de Bitam, deuxième ville de la province du Woleu-N’tem, au nord du Gabon, a ouvert les portes de son entreprise au quartier Charbonnages (cité BGFI) dans le premier arrondissement de la commune de Libreville. Cette femme d’affaires débordante d’énergie et d’idées, est déterminée à faire de son entreprise l’une des meilleures, et surtout l'une des plus innovantes de la place. En moins de deux ans, elle a tissé un véritable carnet d’adresses au point de susciter l’admiration chez de nombreux observateurs. Pour en savoir davantage, Artiaf est allé à sa rencontre pour un entretien. Maryse nous a reçus à une terrasse de café à Libreville vêtue d’un tailleur pagne wax taillé sur mesure.

Artiaf : Maryse, parlez-nous de votre entreprise.

Maryse : Rysemar Voyage comme son nom l’indique est une agence de voyage qui a ouvert les portes à Libreville en avril 2018. Nous sommes d’abord spécialisés dans la vente des billets d’avions. Mais notre mission principale est de promouvoir le tourisme et la destination Gabon. L’entreprise emploie deux personnes et notre activité se porte plutôt bien.

Que signifie Rysemar ?

« Rysemar » est en fait le contraire de mon prénom « Maryse ». En effet, je me suis amusée un jour à tout hasard à démembrer mon prénom. En inversant les lettres cela m‘a donné Rysemar qui m’a beaucoup plu.

Qu’est-ce qui a bien pu susciter en vous la création de cette entreprise ?

Tout simplement le désir d’entreprendre et l’envie d’être au contact des gens.

Mais les gens on les rencontre partout. Pourquoi spécialement dans une agence de voyage ?

Je pense que les meilleurs endroits pour faire des belles rencontres sont forcément dans des sites et situations liées au voyage. Que ce soit en voyage d’affaires ou tourisme, les aéroports, hôtels, sites touristiques et agences de voyages représentent des milieux propices pour entrer en contact avec des personnes spéciales. C’est passionnant de conseiller et de proposer des destinations aux voyageurs.

Avez-vous des partenariats en dehors de la ville ou du pays?

Nous n'avons pas encore élaboré de partenariats pour l’heure. Mais des discussions et des propositions de projets allant dans ce sens sont à l’étude. Nous pensons notamment à la promotion de merveilleux sites touristiques du pays. Vendre la destination Gabon reste notre priorité.

Vous envisagez donc vous étendre dans le tourisme made in Gabon si nous comprenons bien ?

Oui, pouvoir proposer des séjours complets d'un week-end ou plus à l'intérieur du pays a toujours été un idéal. Nous avons au Gabon de merveilleux sites touristiques tels que Mayumba, les plateaux Batéké, les parcs nationaux, le mont de Cristal pour ne citer que ceux-là. Ces paysages gagneraient à être davantage connus et le Gabon tout entier par la même occasion. C’est d’ailleurs cette vision qui m’a motivée au départ lorsque je montais mon entreprise. Je me suis dit que je miserai plus sur les destinations de l'intérieur du pays. Seulement, les réalités sur le terrain sont tout autres car, ce n’est pas si facile du tout. Il faut de gros moyens financiers et logistiques. Nous avons au Gabon de si beaux paysages malheureusement, certains d’entre eux restent encore très enclavés. Ce qui ne donne pas souvent envie aux touristes de visiter ces zones. Avec les efforts qui sont faits en ce moment par les pouvoirs publics, je pense que nous y arriverons très bientôt.

Rysemar Voyage vient de fêter son premier anniversaire que bilan faites-vous?

Un bilan rempli d'espoir même s'il est vrai que nous manquons cruellement d'accompagnement. J'ose espérer que le gouvernement pensera aux auto-entrepreneurs que nous sommes notamment au niveau administratif où nous sollicitons quelques allègements dans les formalités inhérentes à la création d'entreprises, puis dans la simplification des modes de calcul et de paiement des cotisations et des taxes.

Votre clientèle est-elle satisfaite de vos services?

J'ose espérer que oui! Jusqu'ici je n’ai pas reçu de plaintes. Je mets un point d'honneur à être présente et disponible pour mes clients peu importe l'heure. L’innovation dans notre façon de faire est que nous faisons des prestations à domicile. C’est-à-dire que nous nous déplaçons vers le client, lui évitant ainsi de se déplacer.

Maryse lors d'un rendez-vous d'affaires à Libreville                                                        

Quelles sont vos difficultés?

En tant que femme, j’en rencontre plusieurs. D’abord, la discrimination puis, le harcèlement. J’ai comme l’impression que pour les mêmes prestations, les hommes sont mieux traités par les clients. Je suis choquée de constater, pour le regretter, que très souvent certains clients hommes soient emmenés à me faire des propositions indécentes justes pour m’accorder un contrat. C’est absurde ! Je dis et je redis, je préfère rester là petite agence de voyage que nous sommes que de céder à ce chantage !

Comment conciliez-vous ce boulot si prenant avec votre famille?

Je n’ai malheureusement pas de famille. Je suis encore célibataire et sans enfants. Une situation qui me peine énormément quand même. Parfois, je stresse et me sens seule. Mais bon, je me dis tout simplement que c’est une situation passagère, une préparation, un échauffement à ma future vie de femme au foyer.

Avez-vous des projets?

Oui bien sûr! Comme je vous l’ai dit à l’instant, mon ultime défi est de participer au développement du tourisme local. Dès que l'occasion se présentera, c'est sans hésiter que je sauterai dessus. Nous avons beaucoup à gagner en misant sur le tourisme de notre pays.

Un mot à l'endroit de ceux qui voudraient faire comme vous?

Il faut oser. Il n'est pas dit qu'on réussisse à chaque fois. D’ailleurs, ce qu'on ne nous dit pas c'est que le taux d’échec est bien plus important que le taux de réussite dans l’entrepreneuriat. Il faut donc accepter d'échouer et s’adapter par la suite. C’est la somme de ces échecs qui feront en sorte que notre réussite future soit plus stable et durable.

Le mot de fin.

Merci à Artiaf de m'avoir permis de m'exprimer sur sa plate-forme. Merci pour ce que vous faites notamment donner la parole aux jeunes entrepreneurs. Je pense fortement que c’est ainsi que nous changerons les choses.

Maryse merci !

Propos recueillis par Armel Severin MBEMBO